La santé
La prématurité est une cause importante de mortalité et de morbidité. Plus la naissance survient précocement, moins les organes du bébé seront développés, entrainant ainsi un risque d’autant plus important de complications. Ces taux de mortalité et morbidité varient aussi fortement en fonction de l’endroit de la naissance ainsi que du statut socioéconomique de la famille. Les conséquences à long terme de la prématurité sont importantes :
- infirmité motrice d’origine cérébrale : de 0,2 à 0,3% à terme contre 20% à 24-25 semaines ;
- troubles cognitifs et d’apprentissage : de 6 à 7% à 36 semaines contre plus de 50% à 24-25 semaines ;
- augmentation des problèmes pulmonaires et cardio-vasculaires par la suite.
- morbidité psychiatrique : 1 sur 4 chez les très grands prématurés.
On peut se demander ce que vient faire ce sujet ici. Comme déjà dit, les enfants nés prématurés sont à risque de développer des troubles neuro-développementaux plus fréquemment que dans la population générale. Parmi ces troubles, ceux concernant les fonctions de haut niveau sont spécifiquement concernés. Ainsi plus de 50 % des enfants nés prématurés peuvent avoir des difficultés dans les domaines des apprentissages et des fonctions exécutives. Ces enfants ont souvent aussi des troubles du comportement et de l’attention et des difficultés dans les domaines de la communication. Ils ont un risque élevé de développer à l’âge de l’adolescence ou à l’âge adulte des troubles psychiatriques. Des publications récentes ont ainsi rapporté une fréquence anormalement élevée de troubles autistiques (TSA). Les premières publications faisant de la prématurité extrême un facteur de risques pour la survenue des TSA datent de fin des années 1990.1
De nos jours, il est admis que la grande prématurité mais aussi d’autres complications liées à la grossesse, à l’accouchement ou à la période néonatale (comme l’âge maternel avancé, la toxémie gravidique, le retard de croissance intra-utérin, des bas scores à l'échelle d'Apgar et la fertilisation in vitro) s’associent à des facteurs génétiques pour favoriser la survenue de TSA.
Selon la gravité de leur état, les enfants nés prématurés seront hospitalisés dans un service N* ou NIC. Au lieu de bénéficier de la protection de l’utérus maternel, ces nouveau-nés sont, pendant des semaines ou des mois, submergés par des stimulations sensorielles de nature variable : plus de 200 manipulations en 24 h, non-respect des cycles de sommeil, stimuli olfactifs, visuels et auditifs, actes douloureux, appareillage. Ces perturbations sont évidemment nécessaires pour assurer sa survie et son bien-être par la suite. L’interaction avec les soignants est limitée et perçue comme négative, l’interaction avec les parents est peu naturelle et il y a une rupture de la relation mère-enfant beaucoup trop précoce. Les progrès de la médecine dans les pays industrialisés ont permis de sauver des enfants d’âge gestationnel de plus en plus jeune, repoussant les limites de la viabilité à 23 - 24 semaines de gestation (450-700 g). Une attitude plus interventionniste dans la prise en charge de ces grands prématurés a conduit à une diminution de la mortalité. Une étude réalisée aux USA vient de montrer que la mortalité était passée de 80 % en 1988 à 28 % en 2008. Une étude récente Epipage 2 2 commencée en 2011 en France par les chercheurs de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) montre que la survie des grands prématurés s’améliore. Ces bons résultats à la naissance de ces bébés à risque sont dus à plusieurs facteurs : orientation vers des maternités équipées de service de réanimation, administration de corticoïdes à la maman en vue d’accélérer la maturation des poumons du bébé, mais aussi amélioration des soins devenus moins invasifs avec de moins en moins de gestes douloureux pour le bébé.
1 Pour une revue de la littérature : www.lesjta.com
2 Voir dans les « informations utiles ».