Les papas
En dehors de situations particulières, le papa participe depuis quelques décennies à l’accouchement. Il vit donc en direct l’accouchement prématuré et le départ vers les soins intensifs, puis la Néonat. Il est en première ligne puisqu’il accompagne le bébé, prend une photo pour montrer à la maman, reçoit les premières informations et est dans l’action. Cela a l’avantage de camoufler quelque peu l’angoisse. La maman, restée seule et « vide », a tout le temps de vivre l’angoisse de l’incertitude et de l’attente. C’est ici un scénario optimiste quand tout se déroule pour le mieux. Il arrive que l’accouchement ait lieu dans un hôpital non adapté pour s’occuper de grands prématurés. Le papa accompagne, ou non, alors vers un service spécialisé, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres. L’attente et le fait de servir de messager devient une aventure. Heureusement, les techniques modernes sont là pour raccourcir les distances (smart phone, par exemple). En service de néonatologie, le papa fait la rencontre de toute la salle : charlotte, masque, blouse, gants pour entrer dans la chambre.
« Seul devant cette couveuse, dans un environnement froid, avec ma culpabilité pour seule compagne, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ma femme a été rapatriée à l’hôpital de Chambéry le soir même et là, les places se sont inversées. Par la force des choses, je devais me reprendre, et j’ai de nouveau joué un rôle moteur. C’est moi qui ai présenté le service à ma femme, qui lui ai expliqué le fonctionnement des machines. », dit un papa.
On se raccroche au moindre espoir, aux photos d’enfants qui sont passés par le service et qui ont grandi, au sourire des infirmières, aux attitudes déterminées des médecins. Le risque, si la maman est malade, faible, blessée, c’est que tout repose sur le papa : les mauvaises nouvelles, les déplacements, les relais, les allers retours entre la maison et l’hôpital. Si on demande des nouvelles, c’est du bébé et de la maman, rarement du papa. Pour certains, l’épreuve est dure, même si, comme souvent, le travail met momentanément de côté l’angoisse.
Certains papas soutiennent efficacement la maman et d’autres s’évanouissent ou ont besoin d’encore plus de réconfort. Ici aussi, tous les cas sont possibles.