L'adaptation sociale
Est-ce qu’un enfant né prématurément est difficile à élever ? Est-il plus agressif qu’un autre ? Se plaint-on de lui dans la famille ou à l’école ?
Plus l’enfant avance en âge, plus il est confronté à des expériences de vie qui le façonnent. Nous avons vu que, même sans prématurité, l’enfant avait des caractéristiques propres, des forces et des faiblesses et qu’il n’était jamais le même qu’un autre. Arrivé à l’âge scolaire, aussi bien maternel que primaire d’ailleurs, il est bien difficile de démêler l’écheveau, de savoir si ses difficultés proviennent de la prématurité uniquement ou de ses expériences de vie. Quoi qu’il en soi, de nombreuses études signalent quand même que des troubles existent, qui peuvent avoir des répercussions qui se manifestent :
À la maison
La plupart des parents notent une certaine hyperactivité (les enfants ne tiennent pas en place). Ils sont difficiles et épuisent leurs parents, surtout s’ils sont fragilisés. Les conséquences de conditions environnementales négatives (comme la précarité, la dépression maternelle et le stress familial) sur les problèmes de comportement peuvent être plus importantes chez les enfants prématurés. A contrario, quand la mère est plus réceptive aux signaux de l'enfant de TFPN (qui sont plus difficiles à détecter), ce dernier développe de meilleures habiletés intellectuelles et de meilleures compétences sociales pendant la petite enfance. Cela ne veut pas dire que vous êtes responsable de toutes les difficultés qui se présentent, mais un enfant prématuré, comme les autres, a besoin de sécurité, d’affection et d’un cadre éducatif clair et ferme.
À l'école
Avec les années, la notion même de prématurité s’estompe. On ne fait donc pas toujours le lien entre la naissance et l’avenir de l’enfant. Nous avons vu que la naissance ne déterminait pas à elle seule la suite de la vie de cet enfant. En effet, ce n’est pas la prématurité elle-même qui est en cause, mais bien plus ses conséquences, notamment sur le cerveau. Il n’est donc pas étonnant qu’une partie d’entre eux connaissent des difficultés d’apprentissage et donc scolaires. Une étude a mis cela en relief. L’amélioration de la survie de ces enfants a rendu nécessaire l’évaluation de leur devenir. L’étude Epipage (voir aussi dans informations utiles), enquête de cohorte incluant tous les enfants nés grands prématurés dans neuf régions françaises en 1997, a été mise en place pour évaluer le devenir neuro-développemental de ces enfants à l’âge de 5 et 8 ans, en le comparant à celui d’un échantillon d’enfants nés à terme. A l’âge de 5 ans, un examen médical et des tests psychologiques ont été réalisés dans des centres créés pour les besoins de l’étude. A cet âge, 9% des enfants présentaient une paralysie cérébrale, 32% un score cognitif équivalent au quotient intellectuel < 85, 12% un score < 70, 1% une déficience visuelle sévère (acuité visuelle < 3/10 aux deux yeux) et 0,5% une déficience auditive. Les enfants indemnes de déficience neurosensorielle avaient plus de troubles neurologiques fins et/ou du comportement que les enfants nés à terme. Un questionnaire a été envoyé aux familles d’enfants âgés de 8 ans pour faire le point sur leur scolarité. La majorité des grands prématurés (95%) étaient scolarisés en classe ordinaire. Ils bénéficiaient plus souvent d’aides éducatives que les enfants nés à terme. Ces résultats soulignent les besoins de suivi de cette population et d’évaluation des interventions proposées au cours de la petite enfance.1
En société
Les enfants prématurés peuvent parfois être un peu en retrait. Marquée par la naissance et les premiers mois de vie difficiles, leur famille a tendance à les surprotéger. Les enfants ressentent moins le besoin de se rapprocher des autres enfants de leur âge ou d’adultes. Par ailleurs, ils sont plus sensibles que la moyenne et moins agressifs. Ils ont un besoin d’écoute et d’attention plus important, auquel on doit être vigilants pour les accompagner dans leur développement social. C’est valable à l’école et à la maison.
1 Ancel P.Y. (2010) Devenir à l’âge scolaire des enfants grands prématurés. Résultats de l’enquête Epipage. Inserm, France.